Françoise CHAUMAYRAC
Sophrologue diplômée, Promotion 68
Mail : autourdesoi69@gmail.com
“Permettre aux personnes incarcérées de vivre de façon constructive leur temps de détention.”
Qui suis-je ?
Je suis Francoise Chaumayrac, sophrologue depuis 5 ans.
Je suis issue du milieu du spectacle dans lequel j’exerce comme créatrice maquillage/coiffure, ce qui englobe également la réalisation de perruques et d’effets spéciaux.
C’est à cette occasion que j’ai « rencontré ma respiration et celle des autres ».
Devant l’attente, la pression, le trac des acteurs, j’ai développé avec eux des moments pour nous tranquilliser à deux, à trois…
Parallèlement, pour garder « l’esprit éveillé », j’ai suivi et été diplômée d’un Diplôme Universitaire d’Art thérapie par l’école d’art thérapie de Tours[1] et la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Tours. L’art thérapie a pour objectif de dynamiser et de valoriser les potentialités et la partie saine de la personne en souffrance psychique et/ou physique par une pratique artistique, en s’appuyant notamment sur les effets de l’esthétisme.
Cette expérience m’a amené à travailler en séance individuelle ou en groupe avec des personnes en fin de vie, des personnes atteintes de cancer ou encore à l’hôpital Debrousse auprès d’enfants hospitalisés en neuropédiatrie. Mes supports étaient : la composition de poésie, le mime, l’improvisation théâtrale, les arts plastiques et le maquillage. Là encore, nous prenions un moment pour « respirer ensemble » en début de séance, pour trouver notre silence commun.
Comment la sophrologie est entrée dans ma vie ?
Toujours dans l’idée de « mieux s’accompagner pour mieux se comprendre », j’ai suivi des séances de sophrologie. Dès lors, j’ai eu l’idée de me former à la sophrologie que j’ai suivi à L’ISRA. C’est mon stage de fin d’étude qui m’a fait découvrir le milieu carcéral. J’ai su tout de suite que j’avais ma place dans cette institution. Cependant, rien n’y est pérenne.
Il faut chaque année : réaffirmer les bénéfices de la sophrologie pour les détenus(es); démarcher pour trouver des financements, possiblement, assurer une partie des séances en bénévolat et surtout être très persévérant.
Le milieu carcéral et la sophrologie
Ce qui est essentiel pour moi c’est d’utiliser la sophrologie pour permettre aux personnes incarcérées de vivre positivement, de façon constructive leur temps de détention. C’est aussi se préparer à « demain » en développant la connaissance de soi et de ses fonctionnements propres, en favorisant la confiance en soi et en l’avenir.
A quels besoins répond la pratique de la sophrologie en milieu carcéral ?
La détention est une source de stress qui provoque à la fois des bouleversements physiques, psychologiques et relationnels. La pratique de la sophrologie permet d’apaiser les tensions, les peurs, les colères, les frustrations, l’impulsivité… Cette méthode simple à aborder, est structurante sur le plan physique, émotionnel et mental.
Elle aide la personne à mieux se situer face au monde et à développer de meilleures relations avec elle-même, le personnel pénitentiaire, les autres détenus(es), la famille, l’extérieur. Cette approche est complémentaire des programmes d’approche comportementaliste de prévention de la récidive car elle permet d’acquérir une connaissance de soi, de s’approprier une méthode pour gérer ses tensions musculaires, certaines émotions ressenties comme invasives, de prendre du recul sur ses actes et ses passages à l’acte et de cheminer vers « demain » pour reprendre sa place au sein de notre société.
Les actions sophrologiques
Je propose la sophrologie aux détenus(es) sous forme de modules. Les modules comprennent en moyenne 12 séances, à raison d’1 séance par semaine.
- Les moyens mis en oeuvre :
La composition des groupes se fait à partir de demandes volontaires et après un échange avec le responsable du bâtiment, le personnel de santé, les CPIP[2]. - Moyens pédagogiques :
Les enseignements sont basés sur la méthode d’Alfonso Cayedo. Nous travaillons au fil des séances sur les degrès I – II – III. Avec au départ, beaucoup d’exercices de RD1 pour déployer le corps et en (re)prendre possession.
Conseils pour les futurs sophrologues :
En tant que sophrologue ce qui est important pour moi est de me rappeler chaque jour :
- Que je ne suis pas thérapeute, mais que j’invite à chaque séance la personne à cheminer avec elle-même et à son rythme.
De la même manière,
- Je ne veux rien pour l’autre, je l’invite à être acteur de son état et à son rythme.
C’est la sophrologie qui est au service de la personne et non l’inverse.
Je regarde, j’écoute, je m’adapte.
Françoise Chaumayrac
_____________________
[1]AFRATAPEM : art-therapie-tours.net
[2] C.P.I.P : Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation
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